Grand Prix de Racers 500

Le parc fermé est installé sur les Allées d’Azémar, mais les vérifications techniques ont lieu le vendredi à partir de 9 h 00 sur le Champ de Mars, à proximité de l’octroi, devant une foule dense qui malgré la chaleur suit avec attention les opérations.

Les véhicules doivent répondre aux dispositions de sécurité suivantes : un essai de freinage par 5 arrêts successifs à partir d’une vitesse au moins égale à 90 km/h, les freins devant présenter ni déréglage, ni échauffement anormal et le véhicule rester stable sur sa trajectoire. Les vérifications portent également sur l’efficacité du frein à main obligatoire, la tenue de route et la maniabilité.

Une fois ces formalités accomplies, une équipe peint les numéros de course sur la carrosserie. A l’époque les véhicules devaient être peints aux couleurs nationales du concurrent, conformément aux prescriptions de l’annexe 1 du Code Sportif de la F.I.A : bleue pour les français, verte pour les anglais, rouge pour les italiens….. Or, pour une raison que l’on ignore, les 3 Cooper des anglais BROWN, BRANDON et ROWLAND, arrivent à Draguignan couleur argent ! Branle-bas de combat au garage FORD, situé Avenue Carnot, où l’Equipe britannique s’est installée durant son séjour dracénois. Il faut repeindre en vitesse les voitures, mais on ne dispose pas de la bonne couleur. On fait donc avec les moyens du bord : le garage FORD étant également concessionnaire Vespa les Cooper sont peintes dans un vert Vespa, sans aucun rapport avec le vert anglais traditionnel !

L’anglais MOORE connaît pour sa part des problèmes de chaîne de transmission sur son racer AJS. Par chance il existe sur Draguignan un spécialiste en motos anglaises qui dispose des pièces adéquates, Georges FRANCOIS, qui effectue la réparation dans son petit atelier du Boulevard Clemenceau.

25 concurrents sont engagés, représentants 7 nationalités différentes : 4 anglais, 1 allemand, 3 italiens, 14 français 1 belge, 1 américain et 1 grec MYLODANIS. Le Circuit International justifie pleinement son appellation ! C’est la plus importante manifestation de racers 500 du Sud-Est.

Les grands favoris sont les anglais Eric BRANDON et Alan BROWN (Cooper Norton), 1e et 2e du Championnat anglais, de l’Ecurie Richmond, véritable équipe professionnelle disposant de moyens digne d’une écurie d’usine. Parmi les outsiders on trouve les français François ANTONELLI (Panhard DB), Pierre PAGNIBON (Cooper Jap) et l’américain Harry SCHELL (Cooper Jap).

Les italiens, dont le réputé PAGANI, pilotent des Giléra Volpini, les français essentiellement des Cooper et des Panhard DB et le belge DEMESSE une VOA-BMW.

Seul l’allemand BUDDE au volant d’une Condor est forfait.

Les artisans constructeurs sont représentés par ALONSO (AGS), Fernand PRADEAU (APL Koehler-Escoffier) et notre varois Henri JULIEN (Simca Julien), dont c’est l’entrée officielle en compétition.

Collection Henri Julien – (Simca Julien)

Les premières impressions des pilotes sur le tracé sont favorables. L’anglais MOORE déclare au journaliste du Petit Varois Pierre CONTESTIN : «Très beau circuit au point de vue largeur et virages. Magnifique au point de vue difficultés qui seront imposées  aux machines, mais pas excessivement rapide en raison des ondulations prononcées de la route.

     J’espère avec mon petit racer AJS de 50 cv réaliser des temps intéressants et établir des moyennes au tour difficile à battre ».   

Le français CATHARY pilote pour la première fois un racer 500 et exprime ses craintes : « Je suis un bleu sur ces engins. Comme vous le savez je suis un spécialiste de la course de côte et des voitures lourdes. Je vais me sentir dépaysé sur la Cooper qui est rigoureusement neuve et qui ne ressemble en rien aux voitures que j’ai toujours pilotées. Néanmoins, je défendrai ma chance contre les plus forts et si ma machine tient, je tiendrai aussi ».

L’équipe la plus impressionnante est sans conteste l’Ecurie Richmond avec ses racers étincelants, ses mécaniciens en tenue et son camion atelier décoré de l’Union Jack.

Quant aux pilotes régionaux Henri JULIEN et le Pertusien Paul AUDIBERT, ils sont soutenus par une cohorte de supporters qui attendent qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes pour forcer la victoire.

Les essais se déroulent le samedi matin de 7 h 30 à 10 h 00, et l’après-midi de 16 h 00 à 19 h 30. Seule ombre au tableau : les nuages qui de temps en temps laissent tomber de désagréables gouttes de pluie. BROWN et BRANDON réalisent ex æquo le meilleur temps en 1’12’’. Le grand animateur de cette journée d’essais l’anglais MOORE (Ecurie Aitckens) est victime d’un tête à queue l’après-midi qui l’écarte malheureusement des premières places.

 

Essais libres :

Eric BRANDON (Cooper Norton)                     1’14’’    (88,159 Km/h de moyenne)

Alan  BROWN (Cooper Norton)                       1’15’’    (86,000 Km/h de moyenne)

MOORE (AJS)                                                     1’16’’    (85,000 Km/h de moyenne)

Harry SCHELL (Cooper Jap)                            1’19’’

 

Essais Chronométrés :

1e Eric BRANDON (Cooper-Norton)                1’12’’

Alan  BROWN    (Cooper-Norton)                    «

3e Harry  SCHELL  (Cooper-Jap)                    1’16’’

4e François  ANTONELLI  (DB)                       1’20’’

JACQUIER BRET  (Cooper-Norton)               «

6e CATHARY  (Cooper)                                    1’22’’

Collection Marcel Garcin – Départ course Racers 500

Le dimanche le soleil brille, et une foule considérable se masse le long du circuit. Le journal REPUBLIQUE organise un déplacement en car spécial au départ de Toulon (550 Francs aller/retour) pour assister au programme du jour : 3 manches de qualification par groupe de 8 voitures sur 8 tours de circuit et la finale sur 25 tours.

Les 3 premiers de chaque manche se qualifient pour la finale.

1e manche :

1e Eric BRANDON            (Cooper Norton)                    9’58

2e Harry  SCHELL             (Cooper Jap)

2e manche :

1e Alan BROWN                (Cooper Norton)                   10’21

2e Pierre PAGNIBON        (Cooper Jap)

3e manche :

1e  François ANTONELLI (Panhard DB)                     10’42

2e  NERFESSIAN               (Cooper)

3e  MOORE                         (AJS)                                  à 1 tour

4e  Henri  JULIEN              (Simca Julien)

Henri JULIEN surclassé en vitesse de pointe et l’anglais MOORE victime d’une panne de magnéto et de bougies ne peuvent malheureusement pas accéder à la finale.

La finale est radiodiffusée en direct sur Radio Marseille, le micro du circuit étant tenu par le radio reporter Bruno DELAYE.

Au terme des 25 tours l’anglais Alan BROWN (Cooper Norton) l’emporte, enlevant du même coup les 250 000 Francs de prix, devant son compatriote Eric BRANDON (Cooper Norton) et l’américain Harry SCHELL (Cooper Jap). CATHARY termine à 4 tours, ralentie par un incident mécanique. C’est le triomphe des monoplaces anglaises, qui raflent les 3 remières places et de l’Ecurie Richmond. Le God Save The Queen retentit sur le Boulevard Clemenceau au terme d’une journée particulièrement réussie.

Classement général :

1e Alan  BROWN                (Cooper Norton)            31’14’’

2e Eric  BRANDON             (Cooper Norton)            31’15’’

3e Harry  SCHELL              (Cooper Jap)                  à  1 tour

4e François  ANTONELLI  (Panhard DB)                  «

5e CATHARY                       (Cooper)                         à  4 tours

Record du tour : Eric BRANDON et Alan  BROWN en 1’12’’ (moyenne 90,606 Km/h).

 

Collection Marcel Garcin – Alan Brown (Cooper-Norton)

 

Collection Marcel Garcin – Alan Brown (Cooper-Norton)

 

Collection Jean-Pierre Bompuget (Panhard DB)