Naissance du Circuit

Au cours de l’année 1949, Monsieur VIDAL, Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées, à la demande du Comte Edme de ROHAN-CHABOT, Président de l’Automobile Club du Var (ACV) prie avec insistance René JOURDAN, Ingénieur des TPE, chef de l’Arrondissement des Transports, qui est à ses yeux bien introduit dans les milieux de l’automobile, d’accepter de recréer à Draguignan une section de l’Automobile Club du Var.

 

Après avoir refusé une première fois, René JOURDAN accepte.

Le siège est fixé au pavillon du Syndicat d’Initiative situé alors à proximité de la Poste et de la Préfecture. Un bureau est créé.

Il faut faire quelque chose pour attirer l’attention du public sur cette nouvelle création. Diverses réunions ont lieu au Syndicat d’Initiative auxquelles participe activement le directeur de l’Automobile Club du Var, Pierre ROSE.

Dans un premier temps il est envisagé d’organiser un rallye ballon. La règle du jeu consiste à gonfler puis à lâcher des ballons ; les participants devant en ramener le plus grand nombre possible. Après plusieurs réunions et devant les « difficultés administratives » rencontrées, cette idée est abandonnée.

C’est alors que Gaston PALLY propose d’organiser un circuit automobile pour voitures de tourisme, tracé en ville ; le moto club animé par Marcel GARCIN et Louis RENOUX y ajoutant une course de motos. Comme jamais aucun participant aux réunions n’avait connu, même de loin, une telle organisation, ce fut une création totale pour les dracénois.

Les réunions succèdent aux réunions, souvent jusqu’à 2 heures du matin, et avec l’aide du Maire de Draguignan Monsieur Bertin BOUSQUIE, la première édition du Circuit de Vitesse Autos et Motos a lieu les 27 et 28 mai 1950, le dimanche de la Pentecôte, à l’occasion de la Fête locale.

Le tracé dans les rues de la ville développe 1 812.96 m. La mise en place du circuit par les services techniques municipaux et les Ponts et Chaussées mobilise 27 personnes durant une semaine entière et 50 travaillent d’arrache-pied la dernière nuit pour fermer le circuit et installer les dispositifs de sonorisation et de sécurité.

La sécurité du public est assurée par l’installation de 4 Kilomètres de barrières de bois et un train complet de bottes de paille (100 tonnes). Une partie de ces bottes sert à dresser un véritable mur (3 m de haut sur 1,50 m de large) à l’endroit le plus délicat du circuit, au bout de la longue ligne droite (700 m) des Boulevards Clémenceau et Carnot, à l’entrée du virage du garage Mazouiller. Ce mur démontrera toute son efficacité lors de la sortie de route d’un concurrent du plateau tourisme. Ayant raté son freinage, celui-ci s’engouffrera littéralement dans la paille, creusant un véritable tunnel dans le mur. La course terminée, les bottes sont entreposées sous un hangar métallique de la Gare du Sud (Chemins de Fer de Provence) dans l’attente d’être vendues. Mais en 1952 elles seront détruites dans un incendie.

La circulation du public, est facilitée par la construction de deux passerelles aériennes boulevard Carnot et Boulevard Joffre. Ces passerelles de bois sont séparées en leur milieu pour obliger les gens à emprunter le sens unique, suivant qu’ils veulent se rendre d’un côté ou de l’autre de la piste.

Les 2 côtés des Boulevards Clémenceau et Carnot, la Place de la Victoire et le bout des Allées d’Azémar constituent les enceintes populaires. 5 tribunes à gradins, d’une capacité de 500 places, sont installées le long du circuit.

 

Francis SENEVAL, Chef du service départemental des transmissions du Ministère de l’Intérieur et membre du Cabinet du Préfet du Var, propose à son ami Pierre ROSE de mettre en place une communication radio entre les virages du circuit, afin que le public suive au mieux le déroulement de la course. A l’aide de postes de radios émetteurs-récepteurs SCR 610, achetés quelques mois plus tôt au surplus américain avec des crédits du Conseil Général, Francis SENEVAL équipe avec l’accord du Préfet du Var 3 virages, reliés à un P.C installé sur la ligne d’arrivée. Les liaisons fils sont organisées gratuitement par Monsieur BEHRA de Saint Raphaël, père du pilote Jean BEHRA.

Emile BERLAND (radio) en poste dans le virage du CLOU avec Georges FRANCOIS et LEFEBVRE (commissaires), précise : « le rôle des radios étaient de signaler à Aimable GERARD sur la ligne d’arrivée les faits de course (abandons, accidents, dépassements). Lesquels étaient immédiatement retransmis auprès des spectateurs par le speaker Georges BRIQUET, reporter sportif à Radio Marseille ». 90 hauts parleurs assurent la sonorisation du circuit.

 

Cet équipement radio est une première nationale, au point que plusieurs organisateurs prendront contact avec René JOURDAN et Francis SENEVAL pour étudier et copier le système dracénois. Fort de cette expérience Francis SENEVAL sera chargé quelques années plus tard d’équiper le Circuit Paul RICARD sur le plan sécurité.

Francis SENEVAL (de dos) et Aimable GERARD