35 engagés répartis en 6 catégories.
Le plateau est de qualité. Tous les as régionaux du volant sont là : Adrien CAIRE 1e au Grand Prix de Nice 1949, recordman du Km arrêté ; François LANDON vainqueur au Ventoux 1948 ; Emmanuel BABOIN 3e au Rallye de Monte Carlo et 4e aux 24 Heures du Mans ; Roger FULCONIS vainqueur du Gymkana de Nice ; Francis FOMBELLE 1e du Rallye Paris-Nice motos et Pierre PAGNIBON vainqueur du Circuit de Nice.

Une forte délégation toulonnaise est présente : Marius et René ARNAUD, Jean ORSETTI, Yves LESUR, Armand SILVY, CANI et GUIBERGIA.

Le samedi après-midi, lors des essais libres, les pilotes se familiarisent avec le circuit qu’ils découvrent. Les moyennes réalisées donnent un petit aperçu des forces en présences :

DUMAS                                                           Talbot 4,5 L                     71 Km/h

ORSETTI Jean                                                Simca Grand Sport       73 Km/h

PAGNIBON Pierre                                          Talbot Lago                    76 Km/h

Le dimanche les choses sérieuses débutent dès 9 heures du matin, par les essais chronométrés. Séance déterminante pour les positions de départ.

Paul LE HOUSSEL sur la Delahaye type « Coupe des Alpes » du Grand Garage du Cap Brun, parvient à se hisser en seconde position sur la grille de départ de la catégorie 4 Litres. Le niçois Pierre PAGNIBON réalise, la pole avec la Talbot Lago. DUMAS (Talbot) est victime d’un bris de Delco, mais grâce à l’aide professionnelle d’un garagiste il peut prendre le départ l’après-midi.

Tourismes 0 à 750 cm3  (10 tours)

3 partants seulement : 2 Dyna Panhard face à 1 Simca 6.

1e  BABOIN Emmanuel (Ecurie Verte)   Panhard Dyna       16’36’’

2e  BLOCH Michel                                      Panhard Dyna       16’58’’

La Simca 6 est éliminée dès le premier tour.

Tourismes 750 à 1100 cm3  (10 tours)

 1e  LESUR Yves                                            Simca 8              16’06’’

2e  VIAZZI Jean                                             Simca 8              16’10’’

3e  LANDON Patrick (Ecurie Manzon)       Renault 4cv

4e  MANSON                                                  Renault 4cv

Tourismes 1100 à 1500 cm3  (10 tours)

1e  SALLES  Pierre                                      Peugeot 203        16’14’’

2e  BRUNO  René                                         Peugeot 203         16’25’’

3e  COLLUCCI                                               Peugeot                16’47’’

4e  GUIBERGIA                                                                            16’59’’

ARNAUD Marius                                          Citroën 11 BL

BARLETTA                                                    Simca 8

Tourismes 1100 à 1500 cm3  (10 tours)

 1e  ORSETTI  Jean                                    Simca 8                16’01’’

2e  FULCONIS  Roger                                 Peugeot 203         16’16’’

3e  ARNAUD  René                                      Peugeot 203         16’17’’

Tourismes 1500 à 2000 cm3 

1e  PAGNIBON  Pierre                              Talbot 2 L              15’42’’

2e  ALEX                                                     Citroën                   15’44’’

3e  de ONFROY                                          Citroën 11 BL        16’22’’

4e  VIAU  (Ecurie Nice)                             Citroën 11 BL       16’32’’

5e  CAIRE Adrien                                       Simca 8                 16’45’’

Tourismes 2000 à 3000 cm3  (15 tours)

Jean BEHRA effectue une de ses premières courses de voitures. Il remporte la catégorie au volant d’une BMW, signant la seconde victoire de sa toute jeune carrière de pilote automobile.

 1e  BEHRA Jean                                        BMW                     24’10’’

2e  CORNELIER  (Ecurie Nice)                 Talbot T120          25’05’’

Tourismes 3000 à 4000 cm3  (15 tours)

La série la plus spectaculaire.6 partants.
Pierre PAGNIBON (Talbot Lago Spéciale Record) prend la tête dès le départ devant Paul LE HOUSSEL et DUMAS en 4e position. LE HOUSSEL se lance à la poursuite de PAGNIBON sans pouvoir le rattraper et termine deuxième, mais vainqueur moral de l’épreuve, grâce à la maestria et aux réelles qualités dont il a fait preuve durant la course. DUMAS prend la 3e place.

1e  PAGNIBON  Pierre                             Talbot 4 L               22’23’’

2e  LE HOUSSEL Paul                              Delahaye 3 L

3e  DUMAS  (Ecurie de la Police)           Talbot T23

4e  LESUR Yves  (Ecurie Verte)              Simca 8

En marge des courses, Henri JULIEN, garagiste à Gonfaron fait deux tours de démonstration au volant d’un racer 500 de sa conception, construit sur la base d’un châssis de Simca 5 raccourci (carrosserie aluminium – moteur 500 cm3 – vitesse de pointe 120 Km/h). L’essai est concluant. La décision est prise d’organiser en 1951 une course de racers 500, inscrite au calendrier international, en complément des épreuves réservées aux véhicules de tourisme et aux motos. Le Circuit International de Vitesse est né.

Henri Julien (Racer 500)

 

Le journaliste Joël BENNETT de REPUBLIQUE conclu «Rendons hommage à la section de Draguignan de l’Automobile Club du Var qui la première dans ce département depuis l’après-guerre a eu la belle audace de mettre sur pied une organisation d’une telle ampleur».

 

 

La première édition du Circuit de Vitesse attire à Draguignan une foule extrêmement nombreuse. Des services de cars sont mis en place au départ de toutes les villes et villages du Var pour assister à l’événement : le journal REPUBLIQUE organise un déplacement de Toulon, le dimanche, au prix de 500 Francs aller/retour.

Hôtels, restaurants sont plein à craquer. Les avenues sont noires de monde. Les automobilistes doivent garer leurs véhicules sur les trottoirs de la route de Lorgues et devant le Collège de Jeunes Filles.

Une ambiance extraordinaire règne sur la ville. Une ambiance faite de pétarades de moteurs tournant à plein régime, de hauts parleurs déversant leurs musiques, de banderoles et de décorations flottant au vent, de la joie enfin des spectateurs.

Les départs sous l’autorité du Directeur de course Monsieur ZIANO et de son adjoint Gaston PALLY ont lieux devant le Champ de Mars, à hauteur de l’actuel Office de Tourisme. Gérard PETITJEAN, enfant à l’époque, se souvient encore du bruit assourdissant des motos lancées à pleine vitesse sur le Boulevard Clémenceau et de l’odeur si particulière d’huile de ricin.

Tous les champions chevronnés de la spécialité sont présents : le Champion de France Jean BEHRA (MV Agusta usine) Serge DINI recordman de la Côte d’Ampus, 4e au Grand Prix de la Ville de Nice, RIVOIRE 2e à ce même Grand Prix, DULLA, ASTRI, Jean CASTELLANO, DI PANNEL, ROLLINO et le Dracénois KUMMER.

Parmi les pilotes régionaux, Serge DINI (Amicale Motocycliste Niçoise) retient l’attention du public. Pilote usine Elie Huin, le concessionnaire niçois NOVELLI l’engage sur une 125 Elie Huin à moteur AMC (Atelier Mécanique du Centre à Clermont-Ferrand), préparée par Jean BEHRA et BINELLI. A l’origine, Jean BEHRA destinait cette machine à son frère José, qui ne l’utilisera pas en raison de l’inconfort de la position de conduite. Monté sur le châssis court d’une 100 cm3, le moteur AMC 125 permet d’atteindre les 140 Km/h.

(Archive photo Serge Dini)

La lutte est chaude entre les représentants des clubs motocyclistes de Nice, Cannes, Toulon, Marseille, Aix, Avignon, Salon, Hyères et Carpentras. La course se dispute en deux éliminatoires et une finale sur 20 tours.

1e éliminatoire :

1e  VIDAL        (Terrot Magnat Debon)

2e  DINI           (Elie Huin)

3e  KUMMER  (Terrot Usine)

2e éliminatoire :

1e  CASTELLANO  (Terrot)

2e  PERRANO          (Moretti)

Jean Behra abandonne sur ennui mécanique (casse moteur)

Finale (20 tours) :

La course est un chassé-croisé entre Raymond  VIDAL (Terrot Magnat Debon) et Serge DINI. L’Elie Huin plus véloce prend la tête dans la partie sinueuse du circuit, alors que VIDAL grâce à la puissance de sa moto spécialement préparée par Jean NOUGUIER fait la différence dans la longue ligne droite. La victoire se joue à une demi-roue. Serge DINI vire en tête dans le virage de la Préfecture, mais Raymond VIDAL réussi à le coiffer sur la ligne d’arrivée. NOVELLI époustouflé par ce final monte derrière son pilote pour le tour d’honneur.

1e  Raymond VIDAL  (Terrot Magnat Debon)      33’39’’

2e  Serge DINI (Elie Huin)                                       33’40’’

3e  KUMMER  (Terrot)                                             34’48’’

4e  CASTELLANO  (Terrot)

5e  PERRANO  (Moretti)                                         35’00’’

Michel DENIS (Elie Huin/AMC) remporte la catégorie motos 175 cm3.

Michel DINI – Serge DINI – Louis NOTTO Président de la Ligue – Marcel GARCIN (de gauche à droite)           (Archive photo Louis Gravier)

Grand Prix motos 125 cm3

 

 

 

 

Au cours de l’année 1949, Monsieur VIDAL, Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées, à la demande du Comte Edme de ROHAN-CHABOT, Président de l’Automobile Club du Var (ACV) prie avec insistance René JOURDAN, Ingénieur des TPE, chef de l’Arrondissement des Transports, qui est à ses yeux bien introduit dans les milieux de l’automobile, d’accepter de recréer à Draguignan une section de l’Automobile Club du Var.

 

Après avoir refusé une première fois, René JOURDAN accepte.

Le siège est fixé au pavillon du Syndicat d’Initiative situé alors à proximité de la Poste et de la Préfecture. Un bureau est créé.

Il faut faire quelque chose pour attirer l’attention du public sur cette nouvelle création. Diverses réunions ont lieu au Syndicat d’Initiative auxquelles participe activement le directeur de l’Automobile Club du Var, Pierre ROSE.

Dans un premier temps il est envisagé d’organiser un rallye ballon. La règle du jeu consiste à gonfler puis à lâcher des ballons ; les participants devant en ramener le plus grand nombre possible. Après plusieurs réunions et devant les « difficultés administratives » rencontrées, cette idée est abandonnée.

C’est alors que Gaston PALLY propose d’organiser un circuit automobile pour voitures de tourisme, tracé en ville ; le moto club animé par Marcel GARCIN et Louis RENOUX y ajoutant une course de motos. Comme jamais aucun participant aux réunions n’avait connu, même de loin, une telle organisation, ce fut une création totale pour les dracénois.

Les réunions succèdent aux réunions, souvent jusqu’à 2 heures du matin, et avec l’aide du Maire de Draguignan Monsieur Bertin BOUSQUIE, la première édition du Circuit de Vitesse Autos et Motos a lieu les 27 et 28 mai 1950, le dimanche de la Pentecôte, à l’occasion de la Fête locale.

Le tracé dans les rues de la ville développe 1 812.96 m. La mise en place du circuit par les services techniques municipaux et les Ponts et Chaussées mobilise 27 personnes durant une semaine entière et 50 travaillent d’arrache-pied la dernière nuit pour fermer le circuit et installer les dispositifs de sonorisation et de sécurité.

La sécurité du public est assurée par l’installation de 4 Kilomètres de barrières de bois et un train complet de bottes de paille (100 tonnes). Une partie de ces bottes sert à dresser un véritable mur (3 m de haut sur 1,50 m de large) à l’endroit le plus délicat du circuit, au bout de la longue ligne droite (700 m) des Boulevards Clémenceau et Carnot, à l’entrée du virage du garage Mazouiller. Ce mur démontrera toute son efficacité lors de la sortie de route d’un concurrent du plateau tourisme. Ayant raté son freinage, celui-ci s’engouffrera littéralement dans la paille, creusant un véritable tunnel dans le mur. La course terminée, les bottes sont entreposées sous un hangar métallique de la Gare du Sud (Chemins de Fer de Provence) dans l’attente d’être vendues. Mais en 1952 elles seront détruites dans un incendie.

La circulation du public, est facilitée par la construction de deux passerelles aériennes boulevard Carnot et Boulevard Joffre. Ces passerelles de bois sont séparées en leur milieu pour obliger les gens à emprunter le sens unique, suivant qu’ils veulent se rendre d’un côté ou de l’autre de la piste.

Les 2 côtés des Boulevards Clémenceau et Carnot, la Place de la Victoire et le bout des Allées d’Azémar constituent les enceintes populaires. 5 tribunes à gradins, d’une capacité de 500 places, sont installées le long du circuit.

 

Francis SENEVAL, Chef du service départemental des transmissions du Ministère de l’Intérieur et membre du Cabinet du Préfet du Var, propose à son ami Pierre ROSE de mettre en place une communication radio entre les virages du circuit, afin que le public suive au mieux le déroulement de la course. A l’aide de postes de radios émetteurs-récepteurs SCR 610, achetés quelques mois plus tôt au surplus américain avec des crédits du Conseil Général, Francis SENEVAL équipe avec l’accord du Préfet du Var 3 virages, reliés à un P.C installé sur la ligne d’arrivée. Les liaisons fils sont organisées gratuitement par Monsieur BEHRA de Saint Raphaël, père du pilote Jean BEHRA.

Emile BERLAND (radio) en poste dans le virage du CLOU avec Georges FRANCOIS et LEFEBVRE (commissaires), précise : « le rôle des radios étaient de signaler à Aimable GERARD sur la ligne d’arrivée les faits de course (abandons, accidents, dépassements). Lesquels étaient immédiatement retransmis auprès des spectateurs par le speaker Georges BRIQUET, reporter sportif à Radio Marseille ». 90 hauts parleurs assurent la sonorisation du circuit.

 

Cet équipement radio est une première nationale, au point que plusieurs organisateurs prendront contact avec René JOURDAN et Francis SENEVAL pour étudier et copier le système dracénois. Fort de cette expérience Francis SENEVAL sera chargé quelques années plus tard d’équiper le Circuit Paul RICARD sur le plan sécurité.

Francis SENEVAL (de dos) et Aimable GERARD